6 décembre 2025

Une Propriétaire d’Andernos-les-Bains condamnée après avoir tenté d’expulser un squatteur

Une propriétaire d’Andernos-les-Bains a tenté de faire justice elle-même en expulsant de force un squatteur de sa maison. Son initiative lui a valu une condamnation en justice.

Une histoire rocambolesque

En 2024, Karine Lellouche hérite d’une maison située dans cette commune girondine. Souhaitant la vendre rapidement pour couvrir des frais de succession, elle découvre que le bien est occupé illégalement par un squatteur. Selon ses mots, après le décès de ses parents, elle avait prévu de changer les serrures, mais les gendarmes lui ont interdit d’entrer, estimant qu’elle n’avait pas le droit de pénétrer dans la propriété occupée.

Malgré ses démarches auprès des autorités pour faire expulser l’occupant, elle n’obtient pas de résultat, car le squatteur affirme que la porte était déjà ouverte. Ne pouvant prouver l’effraction, elle se retrouve dans une impasse. Face à cette situation urgente, elle accepte une offre trouvée sur les réseaux sociaux. Une personne lui propose d’expulser le squatteur pour 5 000 euros.

Elle engage alors deux hommes de main, qui le 28 septembre 2025, entrent dans la maison cagoulés, équipés de tazers et de bombes lacrymogènes. Ils forcent l’occupant à fuir. Lors de leur intervention, l’occupant, blessé, porte plainte. Il sera victime de plusieurs jours d’incapacité totale de travail (ITT). L’enquête révèle que la commanditaire est liée à l’un des agresseurs, notamment via un numéro de téléphone retrouvé sur lui.

Une condamnation sévère

Le 28 novembre 2025, le tribunal correctionnel de Bordeaux juge l’affaire. La justice ne peut cautionner une expulsion violente et illégale, même dans un contexte difficile. La femme est condamnée à 12 mois de prison avec sursis. Les deux hommes de main reçoivent également des peines de 10 et 12 mois avec sursis. La propriétaire doit en plus verser 1 200 euros de dommages et intérêts à la victime.

La présidente du tribunal a rappelé que cette forme de vengeance privée n’est pas acceptable, soulignant que cela aurait pu avoir des conséquences bien plus graves.

Les répercussions pour la propriétaire

Pour Karine Lellouche, cette décision a été un soulagement, car elle évite une peine de prison ferme. Cependant, elle déplore que le système ne lui ait pas offert de solution rapide face à cette situation. La vente de la maison a finalement été réalisée, mais à un prix inférieur de 80 000 euros, le squatteur occupant encore le logement.

Une affaire qui soulève des questions

Ce cas met en lumière les difficultés rencontrées par les propriétaires face à des occupants illégaux. Plusieurs problématiques sont soulevées :

  • L’écart entre droit de propriété et droit d’occupation : lorsque le squat n’est pas accompagné d’effraction, la loi ne permet pas toujours une évacuation rapide.
  • La prohibition de la justice privée : il est interdit pour un propriétaire de recourir à la force ou à des actions violentes pour expulser un squat, même en situation d’urgence.
  • Les risques liés à l’auto-justice : passer à l’acte peut entraîner des poursuites pénales, une dépréciation du bien, des frais judiciaires et un stress important pour le propriétaire.
  • Une justice perçue comme protectrice des squatters : certains estiment que le système judiciaire privilégie davantage les occupants illégaux, ce qui alimente la polémique et la demande de réformes pour accélérer les expulsions légales.