Un couple de retraités confronté à une situation inattendue après l’achat d’un château
En février 2025, Daniel Charassier et Catherine Antona-Bajolet, un couple de retraités passionnés de patrimoine, ont acquis le château du Vau, une demeure néogothique située dans le Maine-et-Loire. Leur projet : réaliser un rêve en devenant propriétaires d’un monument historique. Cependant, leur enthousiasme a rapidement été terni par une réalité complexe.
Une acquisition légale mais contestée
Le couple a remporté la vente judiciaire du château pour 250 000 euros, leur donnant la légitimité officielle de propriété. À leur arrivée sur place, ils ont découvert que les anciens occupants, Annie Chaudet, 86 ans, et son fils Thibaud, refusaient de quitter les lieux. Ces derniers contestent la validité de la vente, évoquant un prétendu « complot » visant à leur déposséder du domaine. Leur discours, relayé dans la presse, témoigne d’un profond ressentiment et d’une fracture entre la légalité et leur perception des événements.
Les tentatives d’expulsion et leurs échecs
Face à ce refus, les nouveaux propriétaires ont engagé des procédures d’expulsion. Plusieurs interventions de la gendarmerie ont eu lieu à partir de septembre, mais à chaque fois, Annie Chaudet et son fils revenaient s’installer dans le château quelques heures plus tard. Cette série d’expulsions répétées illustre la difficulté d’appliquer concrètement une décision judiciaire lorsque les occupants refusent de partir. La dernière expulsion, le 28 octobre, a été la plus définitive, juste avant la suspension automatique des procédures durant la trêve hivernale.
Une vie en marge pour les acheteurs
Pendant ces mois de conflit, Daniel et Catherine n’ont pas pu habiter leur nouvelle demeure. Ils ont dû s’installer dans une caravane, prêtée par un voisin vigneron, se retrouvant dans une situation qu’ils qualifient de « un peu comme des SDF ». Sur conseil juridique, ils ont également dépensé 15 000 euros pour barricader les accès au château afin d’empêcher tout nouveau retour des anciens occupants. Leur vie, jusqu’alors imaginée idyllique, s’est transformée en une existence précaire.
Un conflit qui dépasse le cadre privé
Une mairie sous pression
La mairie locale, soucieuse de ne pas laisser Annie Chaudet sans logement, lui a proposé un hébergement. Mais celle-ci a refusé, invoquant une impossibilité à se déplacer dans un logement avec un escalier inaccessible pour ses limitations. La situation a mis le maire dans une position délicate, le poussant à activer sa protection fonctionnelle. Le conflit a ainsi dépassé le cadre privé pour devenir une affaire publique, divisant le village et soulignant la complexité des problématiques sociales liées aux expulsions.
Les anciens propriétaires entre attachement et recours
Annie Chaudet voit dans le château un lieu chargé de souvenirs et d’histoire. À 86 ans, elle exprime ses regrets de devoir quitter ce lieu qu’elle considère comme un patrimoine familial. Son fils Thibaud, lui aussi très attaché à la propriété, dénonce un supposé complot et refuse de reconnaître la légitimité de la vente. Leur avocat a déposé un recours en révision, espérant obtenir un nouveau jugement. En attendant, ils réclament la restitution de leurs affaires, témoignant de leur attachement profond au domaine malgré la décision judiciaire.
Un symbole des tensions autour du patrimoine immobilier
Cette affaire met en lumière les tensions qui existent autour du patrimoine immobilier. D’un côté, des acheteurs passionnés, prêts à investir pour restaurer un monument historique. De l’autre, des anciens propriétaires attachés à leur bien, refusant de le quitter. Entre la légalité et l’émotion, le conflit révèle la difficulté à concilier droit de propriété et mémoire affective. Il souligne aussi les limites des procédures judiciaires face à des drames humains souvent difficiles à résoudre.
