Une découverte venue d’Espagne redonne espoir : un prédateur naturel pourrait bien aider à freiner l’invasion des frelons asiatiques.
Depuis leur arrivée accidentelle en France dans les années 2000, les frelons asiatiques posent un véritable problème écologique et économique. Ce prédateur venu de Chine s’attaque aux abeilles, déjà affaiblies par les pesticides et les maladies. Il perturbe la pollinisation, menace les ruchers et inquiète les habitants par ses piqûres douloureuses. Malgré les pièges et les campagnes de destruction de nids, sa population continue de croître dans tout l’Hexagone.
Jusqu’à récemment, aucun prédateur naturel ne permettait de lutter efficacement contre cet envahisseur. Les recherches menées en Europe restaient sans résultat concret. Mais une étude espagnole publiée en 2024 apporte un nouvel espoir. Les chercheurs ont observé, dans le nord du pays, un animal capable d’attaquer directement les nids de frelons asiatiques, parfois jusqu’à les détruire entièrement. Cet allié inattendu n’est pas un insecte, mais un oiseau : la bondrée apivore, un rapace discret et pourtant bien présent en France.
Souvent confondue avec la buse, la bondrée apivore se nourrit de larves d’insectes : guêpes, bourdons, abeilles… et désormais, frelons asiatiques. Son plumage dense, ses paupières solides et ses narines étroites la protègent efficacement des piqûres. Elle serait même partiellement immunisée contre le venin. En Espagne, certains couples ont été observés détruisant jusqu’à soixante nids de frelons par saison, notamment au printemps et à l’automne, deux périodes clés pour la reproduction des frelons. Ce comportement pourrait aider à freiner leur expansion en Europe occidentale.
Il s’agit d’un phénomène de prédation naturelle, et non d’une solution radicale. La bondrée apivore ne fera pas disparaître les frelons asiatiques : sa population reste modeste, avec environ 20 000 couples en France. Mais en s’attaquant aux nids, elle pourrait contribuer à rétablir un équilibre écologique, comme cela se produit déjà en Asie avec une espèce proche. Pour cela, il est essentiel de préserver cet oiseau migrateur, qui quitte nos forêts à l’automne pour rejoindre l’Afrique avant de revenir au printemps.
Source : Journal des femmes