Enedis intensifie ses contrôles Linky
Enedis va augmenter le nombre de contrôles liés aux compteurs Linky. D’ici la fin de l’année, l’entreprise prévoit d’envoyer des milliers de courriers aux foyers français. Ces lettres annoncent un « contrôle du dispositif de comptage », une opération d’envergure.
Dans leur courrier, Enedis évoque une « succession d’événements caractéristique d’une situation de fraude », accompagnée de la visite imminente d’un technicien chez le particulier. Le message est clair : si l’occupant refuse d’ouvrir sa porte ou de donner accès au compteur électrique, cela pourrait entraîner une coupure totale de l’électricité dans un délai de 10 jours après le passage du technicien.
Une chasse à la fraude à grande échelle
Depuis 2022, Enedis alerte sur une hausse des fraudes liées aux compteurs Linky. Le préjudice financier est estimé à plus de 250 millions d’euros. Les techniques frauduleuses, souvent partagées sur les réseaux sociaux, consistent à détourner l’électricité à l’aide de câbles, permettant de réduire la facture jusqu’à 70 %.
Pour lutter contre ce phénomène, Enedis a doublé ses effectifs en contrôle, passant de 250 agents en 2024 à 500 en 2025. En 2024, environ 12 000 contrôles avaient été réalisés, un chiffre qui a été presque triplé en 2025 avec 30 000 contrôles. La tendance devrait se poursuivre en 2026. Des agents se déplacent directement chez les particuliers pour effectuer ces vérifications.
Ce renforcement des contrôles concerne aussi des personnes qui pensent être à l’abri. Par exemple, Sylvain V., 64 ans, a été accusé à tort de fraude pour une consommation anormalement basse entre 2021 et 2023. Il s’est vu réclamer 1 500 euros, alors que le logement appartenait à sa mère décédée, et il ne l’a occupé qu’à partir de 2023.
Les critiques et controverses
L’association UFC-Que Choisir dénonce une inversion de la charge de la preuve. Selon elle, les courriers d’Enedis mettent les usagers dans l’obligation de prouver leur innocence, alors que cela devrait revenir aux agents de contrôle de démontrer une fraude.
Les conséquences pour ceux qui refusent Linky
Refuser l’installation d’un compteur Linky n’épargne pas de la surveillance. Depuis le 1er août 2025, une surtaxe annuelle de 38,88 € s’applique aux foyers non équipés, représentant entre 1,7 et plus de 3 millions de ménages. Cette somme couvre le coût d’un relevé manuel annuel effectué par une société mandatée.
Une taxe additionnelle de 24,84 € par an est aussi imposée si les usagers ne transmettent pas eux-mêmes leur consommation ou ne prennent pas de rendez-vous pour le relevé. Ces montants sont appliqués sans possibilité de dérogation.
Malgré des recours juridiques, la lutte contre Linky reste difficile. Certains opposants considèrent cette surtaxe comme un symbole de leur combat contre ce compteur. Selon eux, c’est « le prix de leur liberté » face à ce qu’ils perçoivent comme une imposition excessive.
