24 octobre 2025

Chauffage au bois : un risque invisible pour votre santé

Le chauffage au bois, une source de pollution domestique sous-estimée

Le poêle à bois, l’insert ou la cheminée sont des équipements populaires chaque hiver, appréciés pour leur chaleur chaleureuse et leur aspect naturel. Cependant, derrière cette image conviviale se cache une pollution intérieure souvent méconnue.

Selon Santé publique France, le chauffage résidentiel au bois représente 43 % des émissions nationales de particules fines, des substances capables de pénétrer profondément dans les voies respiratoires. Environ 40 000 décès par an en France sont liés à cette pollution de l’air. De nouvelles recherches indiquent que les femmes seraient particulièrement exposées à ses effets nocifs.

Les polluants issus de la combustion ne disparaissent pas lorsque le feu s’éteint. Ils restent longtemps dans l’air intérieur et peuvent s’accumuler dans les tissus pulmonaires avec le temps. La majorité des foyers utilisent le bois comme chauffage d’appoint plutôt que comme source principale, ce qui rend ce risque encore plus insidieux. Même les appareils modernes, comme les poêles récents, continuent à émettre une quantité significative de particules fines.

Une étude établit un lien entre chauffage au bois et cancer du poumon

Une étude publiée en 2023 dans la revue Environment International a suivi 50 000 femmes américaines dont les sœurs avaient été diagnostiquées avec un cancer. Les chercheurs ont analysé leurs modes de chauffage, notamment l’usage du bois, du gaz ou du propane.

Les résultats montrent que l’utilisation régulière du chauffage au bois augmente de 43 % le risque de développer un cancer du poumon chez ces femmes. Ce risque s’élève à 68 % pour celles qui l’utilisent plus de 30 jours par an.

Le docteur Suril Mehta, principal auteur de l’étude, précise que même une utilisation occasionnelle de poêles ou cheminées à bois peut contribuer au développement du cancer du poumon, dans des populations où le bois n’est pas la principale source de chauffage ou de cuisine.

Les chercheurs soulignent que la combustion de biomasse libère des hydrocarbures aromatiques polycycliques, du benzène et du 1,3-butadiène. Ces polluants, reconnus ou suspectés d’être cancérigènes, sont présents dans l’air intérieur lors de la combustion.

Les femmes plus vulnérables face à la pollution intérieure

Un des enseignements majeurs de cette étude concerne la vulnérabilité accrue des femmes. Elles sont exposées plus souvent à la pollution domestique, car elles passent généralement plus de temps à la maison. Leur physiologie pourrait aussi jouer un rôle : leurs voies respiratoires, souvent plus étroites, rendent leurs poumons plus sensibles aux particules fines.

De plus, les études environnementales sous-estimaient jusqu’à présent la part de l’exposition féminine à la pollution intérieure, mais cette erreur est en train d’être corrigée.

Comment limiter les risques ?

Il est important de ventiler régulièrement son logement, même en hiver. Aérer pendant dix minutes, deux fois par jour, permet de renouveler l’air et de réduire la concentration de particules fines.

Un entretien régulier des appareils, notamment le ramonage deux fois par an, est essentiel pour limiter les émissions de polluants et assurer un bon tirage. Il est également conseillé d’opter pour des appareils performants, tels que les poêles et inserts labellisés Flamme Verte, qui rejettent moins de particules que les modèles anciens.

Utiliser du bois sec, non traité, stocké dans de bonnes conditions et avec un taux d’humidité inférieur à 20 %, permet de brûler plus proprement et de produire moins de fumée toxique. Enfin, il est recommandé de limiter la fréquence d’utilisation du chauffage au bois, en le combinant avec d’autres sources de chaleur plus écologiques, comme une pompe à chaleur ou un chauffage électrique moderne.

Pour ceux qui souhaitent remplacer leur ancien appareil, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) propose des aides financières pour encourager la transition vers des modes de chauffage moins polluants.